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Une civilisation corrompue

course au profit : nouvelle forme de barbarie

 

Thierry Vissac

Les crimes de l'extrême civilisation sont certainement plus atroces que ceux de l'extrême barbarie par le fait de leur raffinement.

Barbey d’Aurevilly

 



 

La course au profit a produit une société plus inhumaine que jamais derrière un masque civilisé. Les populations sont manipulées par quelques profiteurs afin que leur attention reste détournée de ce qu’elles subissent aveuglément :

 

Les gouvernements : la corruption généralisée, que l’on a longtemps cru être la marque de quelques républiques bananières ou dictatures exotiques (dépenses faramineuses et inutiles, salaires cachés, avantages abusifs, ambition dévorante des politiciens, mépris des besoins élémentaires de la population, pour ne parler que des sociétés les moins pourries), est de plus en plus visible. La population reste pourtant apathique devant cette situation. L’explosion « d’affaires » (en France au début 2010) rend les « puissants » un peu fébriles mais ils savent aussi qu’ils ont les moyens d’enrayer les révélations trop dommageables. Le profit interdit toute avancée concrète et pourtant urgente, en ce début de siècle, face à la pollution atmosphérique et ses conséquences sur l’environnement et le climat. La population est sous contrôle et va se rendormir bientôt.

 

L’industrie du tabac : 100 millions de mort au XXe siècle, 1 milliard prévu au XXIe, si les choses continuent ainsi. Les entreprises qui prospèrent sur ce crime légal (parfois comparées aux « familles » de la mafia dans leur organisation) ont menti pendant des décennies (en 1964, le ministère de la santé en France déclarait dans un document officiel interne « nous ne pourrons pas cacher plus longtemps les dangers du tabac »), et continuent de le faire, sur les méfaits de la consommation de cigarettes et, plus grave encore, sur le fait qu’ils ciblent les enfants dans le but d’augmenter le nombre de consommateurs. Leur production ne répond pas à une demande, ils l’ont créée. La population reste soumise à ce carnage, sans réaction, voire avec le sentiment que c’est leur « liberté » de continuer à se suicider avec un produit dont ils n’ont aucun besoin mais que l’on a rendu indispensable pour 1 milliard et demi de personnes.

 

Le commerce de la nourriture : La confiance en ce qui arrive dans nos assiettes diminue de jour en jour. Les poisons que l’on a pu trouver dans les aliments, parfois intentionnellement utilisés (huile de tournesol en provenance d’Ukraine contaminée aux hydrocarbures de façon volontaire en 2008, viande recyclée (poulets à la dioxine, viandes périmées reconditionnées) et fromages avariés (mozzarella contenant des vers et des excréments en provenance d’Italie, sur deux ans)). La maltraitance des animaux (massacre rituels de dauphins au japon, torture de chiens en Chine pour « assaisonner la viande », poulets, porcs en batterie dans des états de santé et de souffrance inimaginables). Aucun de ces scandales n’a rien changé. La population reste une victime consentante. La démonstration des méfaits de la nourriture de type « fast food » a été magistralement faite par le film « Supersize me », mais tout en révélant que les addictions aux produits dangereux sont telles que la réflexion des victimes est rendue impossible. C’est un suicide collectif. Même la nourriture biologique est aujourd’hui suspectée (soja contenant de la mélamine en provenance de Chine, arachides contaminées dans une fausse entreprise bio). Il n’est pas un domaine qui ne soit affecté par la course au profit qui privilégie le gain financier sur la santé (voire la survie) des consommateurs.

 

Les laboratoires pharmaceutiques : Un des chercheurs américains les plus réputés aux États-Unis a manipulé toutes les données de ses recherches qui ont servies à la diffusion d’un médicament antidouleur, une autre firme connaissait, sans le dire, les effets secondaires tragiques d’un de ses médicaments, d’autres médicaments se sont révélés mortels faute d’avoir suivi les protocoles de vérifications, certains antidépresseurs seraient à l'origine de "folies criminelles", on soupçonne que la diffusion mondiale de l’H.I.V serait due à une campagne sans précautions (quelques scientifiques inconscients) contre la polio dans l’ancien Congo Belge à la fin des années 1950, environ 70% des résultats des tests cliniques des médicaments ne sont jamais publiés, le commerce des vaccins (avec sa cohorte de massacres, tous officiellement relativisés, au XXe siècle : désastre de Lübeck, vaccin contre l’hépatite B, Thiomersal, Gardasil, problèmes d’autisme attribués à l’usage du RRO, sels d’aluminium contenu dans certains vaccins) et en particulier le récent scandale mondial de la vaccination contre la gripette H1N1. L’industrie pharmaceutique est un des commerces les plus corrompus et les plus cyniques que notre société a produit ces dernières décennies. Plus pervers que les « barbares » désignés dans nos livres d’histoire, elle masque son crime derrière l’étiquette de la santé.

 

L’exploitation continue des pays du Tiers-Monde : D’abord à travers un colonialisme présenté comme légitime sur des bases simplement racistes, puis maintenant de manière moins visible entre les mains des multinationales, les pays du « sud » sont exploités en particulier en rapatriant leurs ressources naturelles vers les pays du « profit ». Un aspect local, loin des yeux du grand public mais parmi les plus douloureux de ce système, est l’exploitation des enfants dans le circuit du travail. Les famines, les massacres ethniques laissent indifférent un monde obnubilé par les fluctuations des « marchés financiers ».

 

Le commerce de la guerre : La guerre serait un élément incontournable de la nature humaine. Elle est devenue un des commerces les plus profitables. Les dépenses militaires s’élèvent aujourd’hui à 2 trillions de dollars par an dans les périodes « fastes ». Les ventes d'armes des 100 plus importantes compagnies ont augmenté de 15% au début du XXIe siècle. Qu’il y ait des gens qui meurent pour satisfaire ce besoin de profit semble laisser la plupart indifférent, alors que ce seul profit mériterait une révolution à lui seul. Quand nous savons, de plus, que de nombreuses guerres sont provoquées par les profiteurs eux-mêmes pour des raisons inavouées toujours liées à l’exploitation de ressources naturelles, à l’intrusion intéressée d’un pays dans une région du monde où il souhaite s’installer ou au simple besoin de renflouer des caisses en exacerbant des rivalités locales dans des pays souvent inconnus du grand public, il ne reste plus beaucoup de place pour les notions de paix et de compassion ensevelies sous des tonnes de justifications ignobles et aseptisées.

 

Servitude et cynisme des médias : les grands médias traditionnels sont au service du profit exclusivement. La déontologie journalistique est restée sur le papier. L’information est biaisée, parcellaire, manipulatoire, et les diffamations et calomnies sont quotidiennes, laissant des familles, des individus irrémédiablement salis par un système de désinformation généralisé qui se substitue en permanence à la Justice en désignant des coupables et des victimes sans la moindre enquête, au fil des humeurs et des croyances collectives. Le pouvoir, toujours menacé par une réelle « liberté de la presse », tend à garder ou à chercher un contrôle important des grands réseaux d’information protégeant les profiteurs et stigmatisant les profités.

 

Répression des alternatives : Pire encore, toutes les alternatives à cette société corrompue sont combattues de telle manière à faire croire à la population (par le biais des médias) que les tentatives de s’extraire de ce marasme catastrophique sont sectaires ou terroristes. Partout où l’on prononce le mot « secte » ou « terrorisme » aujourd’hui, la peur générée est suffisante pour bloquer tout esprit critique des citoyens qui ne sont alors plus des êtres doués de conscience, mais des machines à consommer pour le plus grand profit de quelques-uns. Ceux qui sortent de cet enclos sont suspectés de causer un « trouble à l’ordre public » et sont rapidement muselés. 

 

Il reste peu d’espace dans le monde qui ne soit affecté par cette course criminelle au profit. Même les alternatives, qui n’ont souvent à leur crédit que l’enthousiasme de la jeunesse et la faiblesse de leurs ressources, subissent des dérives parce que les militants qui les animent ont été formatés comme leurs ennemis à céder aux sirènes du profit dès que leur activité commence à produire quelques revenus financiers mais également à réagir avec violence face à la contradiction, perpétuant l’esprit de guerre et de compétition qui préside à la course au profit, dans un cercle vicieux qui n’a encore jamais été brisé.

 

La corruption de notre civilisation est évidente, entière et profonde. Sans une véritable révolution intérieure, l’humanité sera toujours divisée entre les profiteurs et leurs victimes consentantes, dans un pathétique simulacre de civilisation. Mais sommes-nous capables d’une révolution intérieure ?

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Prêts à une révolution intérieure ? Lire : Le projet de réforme intérieure de l'humanité.

 

© Thierry Vissac, Textes, photos et dessins sur toutes les pages du site .