ISTENQS, Mon âme et ma chair, Thierry Vissac

 

ISTENQS
Ici Se Termine Enfin
Notre Quête Spirituelle

 

 

 

Dans mon âme et ma chair...

Thierry Vissac (janvier 2022)

 

 

 

  

Je suis dans ce monde mais pas de ce monde.

 

Je suis, par la force des choses, membre de cette société humaine, mais ne m’y reconnais pas du tout sur divers aspects.

Nous sommes nombreux à le ressentir ainsi, au-delà même des arguments. C’est viscéral, voire une expression de nos âmes sensibles.

Dans mon âme et dans ma chair, je ne peux cautionner la violence verbale et le cynisme de ceux qui parlent, sur les réseaux sociaux en particulier, mais surtout aux tribunes du pouvoir. La parole est sacrée, elle ne devrait porter que l’expression de notre nostalgie de l’amour, même si elle nous conduit parfois à dire aussi notre détresse de la voir oubliée, piétinée et moquée. Mais jamais la haine et le mépris.

Dans mon âme et dans ma chair, je ne peux excuser les abus de pouvoir obstinés de nos dirigeants, l’absence de respect de nos « libertés fondamentales » (je garde l’expression officielle, parce qu’elle a du sens), que l’on ne peut jamais noyer dans un pseudo « collectif » qui ressemble plus à une soupe amère qu’à une unité des cœurs. Le collectif est un concept qui sert bien les intérêts des « puissants » quand ça les arrange. Les voir utiliser l’idée même de solidarité de cette façon dévoyée produit en moi un décrochage immédiat de leurs grossiers projets déshumanisés.

Dans mon âme et dans ma chair, je ne peux qu’éprouver une douleur lorsque les mots sont utilisés pour porter le mensonge. Et ils sont tellement gros que l’on ne peut qu’être sidéré d’assister au spectacle pathétique et destructeur de leurs tours de passe-passe, cherchant à faire passer les oiseaux de malheur pour des colombes.

Dans mon âme et dans ma chair, je ne peux que verser des larmes sur la montée de la peur qui pousse, malgré eux le plus souvent, nos frères et sœurs en humanité à s’insulter, se diviser et se laisser gagner par la violence. Le triomphe de la peur et de la violence est le fruit de ce monde dont je ne peux que me désengager, en « mon âme et conscience ».

Dans mon âme et dans ma chair, je cherche chaque jour la voie lumineuse pour ceux qui, comme moi, souffrent de ne pas voir la sortie de ce tunnel qui nous obscurcit et nous enseigne en même temps. Je m’interroge sur la forme concrète de cet apprentissage (vivre contraint dans un monde que je ne reconnais pas). Devons-nous pleurer silencieusement et encaisser ? Devons-nous faire porter notre voix et la rendre audible ? Devons-nous dire « stop » et comment ?

Dans mon âme et dans ma chair, la voie du silence (la sobriété de la parole) et de l’amour (la compassion pour nos errances humaines) a toujours été une marque de « mon monde », celui qui ressemble justement à l’appel de mon âme. Mais la violence veut maintenant franchir le seuil de notre monde jusque-là « toléré », celui des « êtres sensibles », avec une vision spirituelle, de ces corps qui ont cultivé le goût du sain et de la non-agression à leur égard.

Dans mon âme et dans ma chair, je ne peux que refuser (autant que cela m’est possible, sous le joug d’un système qui se fait menaçant) de céder à « leur vision de la vie », à leur « guerre » contre le vivant, à leurs « protocoles » sans âme qui écrasent ce que nous possédons de plus précieux : la mémoire d’un chemin de vie qui nous rappelle notre dignité spirituelle et la nécessité de la valoriser même dans les crises les plus difficiles.

Quel rapport avec les « mesures sanitaires » – diront ceux qui ont été conditionnés pendant deux ans à une vision monolithique de la « gestion de crise » ? Comme si on pouvait balayer les vertus essentielles en revenant au seul pragmatisme aveugle de notre époque. Je dirais que le rapport est celui-ci : la crise est avant tout spirituelle. La guerre des chiffres ne résoudra rien, il n’y a rien à prouver sur ce plan. La question n’est donc pas celle en vogue : « Comment survivre avec un kit de survie imposé dont on est en droit de douter de la pertinence et de l’efficacité ? » mais : « Qu’avons-nous appris de la vie et de l’histoire humaine pour être si nombreux encore à céder à la violence (verbale et physique), parce que d’autres êtres humains font des choix non conformes ? »

Le simple fait que la peur de la mort ait pu servir à réveiller de vieilles passions primitives disqualifie à mes yeux tous les « efforts sanitaires » de ces deux dernières années.

Peut-être pourrais-je mourir d’un virus (je ne me prétends pas invincible en exprimant tout cela) mais je n’aimerais pas avoir, auparavant, renié mon âme et sa vision sensible de la vie, individuelle et collective.   


   © Thierry Vissac, Textes, photos et dessins sur toutes les pages du site .