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Le moment initiatique est celui où nous sommes
invités à une traversée ou un nouvel aiguillage dans nos
comportements habituels, dans les stratégies conditionnées du
personnage social.
L’intelligence de la vie nous offre de multiples
opportunités pour cela, mais dans le quotidien, nous avons
l’habitude de fuir ces moments.
C’est pourquoi, lors des rencontres (entretiens,
séminaires, journées des âmes), en plus du temps des explications et
de l’inspiration, se manifestent parfois des moments initiatiques
qui surgissent au gré des dialogues et que je guide au travers des
résistances et des fermetures.
Un tel moment nous initie à un nouveau regard
sur nous-mêmes, à envisager une nouvelle réponse à une situation, à
entrevoir même notre âme dans un moment où elle semble si absente.
C’est donc un instant fait de surprise et c’est ce qui le rend
délicat à vivre en conscience, parce que le personnage social, si
prompt à reprendre le contrôle, n’aime pas les surprises.
Il est difficile de vraiment se préparer à une
surprise. Le moment initiatique est toujours un peu perturbant au
premier abord. Mais le fait d’envisager qu’un dialogue qui nous
prend par surprise peut être bénéfique peut faciliter le processus.
Si je pose une question inattendue, ou à peine
compréhensible sur le coup, le premier réflexe est la méfiance, une
sorte de fermeture de protection. Dans ce moment particulier, je
propose de « laisser la porte entrouverte ». Il s’agit de
reconnaître que la peur est là, mais d’y amener aussi un peu de
notre courage. Nous savons que nous avons besoin d’aide pour déjouer
les automatismes et sur le fil d’un dialogue bienveillant mais
ferme, il est possible de vivre des traversées soudaines, des
bascules salutaires vers une relation plus libre face à l’inconnu.
Il m’arrive souvent d’amorcer un moment
initiatique, lorsqu’il se présente naturellement, mais il n’est pas
rare qu’il soit avorté par manque d’accueil de la personne à qui je
m’adresse. Nous n’avons pas été éduqués à nous ouvrir à des
situations où une vague impression de perte de contrôle se
manifeste. Les risques nous paraissent énormes alors qu’il ne s’agit
que d’un échange de paroles sans conséquences réelles. Mais l’effet
de sortie des sentiers battus est le déclencheur de l’initiation.
Pour qu’il y ait émergence de l’âme au travers de la jungle des
protections et stratégies défensives, il faut bien un jour qu’une
percée se produise. Et elle ne se fera pas dans le cadre habituel où
sont nés et se perpétuent les systèmes de défense. Pour traverser
notre faille, il faut une initiation de ce type, « hors piste », qui
contourne le personnage social bien trop présent dans la démarche
spirituelle quand il ne la conduit pas totalement parfois.
On ne peut pas « garder la porte entrouverte »
avec n’importe qui, évidemment. Il faut un pacte de confiance, un
sentiment que l’inattendu n’est pas un manque de soin ou d’amour de
ma part, mais bien une intention de produire ce que nous attendons
le plus, au fond : une rupture avec notre existence fondée dans la
faille et ses stratégies continuelles.
Le moment initiatique est donc crucial dans une
démarche, tout ce qui l’entoure n’est là que pour nous y préparer.
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