Le meilleur ...

 

L'ego demande "le meilleur". Il attend "l'âme sœur", "la perle rare", une "profession stable", il a des plans d'avenir, il a balisé l'horizontalité de la vie de repères jusqu'à la mort. 
L'ego construit un enclos pour le Vivant, à l'intérieur duquel, si tout se passe selon ses plans, la vie sera rose, et à l'extérieur duquel se trouve le champ de tous les dangers. 
Dans les cercles spirituels, l'ego décore ses ambitions mais elles demeurent généralement inchangées dans leur nature. On ne peut pas demander à l'ego d'agir autrement et ce n'est d'ailleurs pas à lui que s'adresse le message spirituel. La volonté personnelle est déterminée dans ses plans dérisoires, lesquels sont pourtant à l'origine de toute souffrance. 
L'ego spirituel fait des concessions de surface. Il accepte que l'âme sœur n'ait pas les yeux bleus, mais il exige qu'elle soit "spirituelle", signifiant bien sûr, qu'elle soit capable de s'ajuster à ses vues. Et cela, présenté sur le plateau doré de la spiritualité, est une revendication parmi d'autres légitimée par les principes du développement personnel.
L'ego parvient à imposer ses plans et il est assez rare que ces derniers puissent être abandonnés sans que la Vie nous bouscule au détour de nos entreprises personnelles, d'une manière ou d'une autre. 
Ce que je souligne ici est une évidence qui ne passera pas nécessairement par les mots que je choisis. Mais je vais en ajouter d'autres pour m'approcher un peu plus, de l'évidence et de vous ...  
Quand quelqu'un vient chercher une clé spirituelle, il en vient toujours à exposer avec précision ses revendications. L'orgueil d'une telle attitude ne frappe pas toujours, tant est fort l'espoir que ses ambitions se réalisent un jour pour son plus grand bonheur. Et le bonheur n'est-il pas le but de toute vie ? 
Pourtant, le regard d'éveil balaie tous les projets. L'erreur du chercheur est d'avoir une vision du but, d'avoir la certitude de sa destination, mixant ainsi ses objectifs personnels à quelques règles spirituelles conciliantes. 
Le chercheur est l'ego. L'Abandon voit se dissoudre le chercheur et ses buts. Le regard d'éveil, là, tout de suite, tranche dans les décorations, les paillettes spirituelles, jusqu'au moteur de toute quête. Cette vision dérangeante nous permet de voir comment nous nous arrangeons avec la spiritualité afin d'en faire un tremplin pour la réalisation de nos petits désirs. Et, à partir de là, nous pouvons véritablement ne plus être dupes de ce petit jeu réducteur et tragique. 
Le projet de l'ego peut aboutir et l'effort fournit pour cela et l'usure qu'il produit sur la vie peuvent nous faire verser des larmes chaudes. 
Nous ne voulons pas vraiment ce que nous voulons. 
Hors de l'enclos barbelé de l'ego est le champ de tous les dangers pour cette vie réduite et pitoyable que nous protégeons dans la terreur. Ce risque à prendre est une voie Divine. 
Thierry. 

 

 

 

 

 

© Thierry Vissac 2001-2010