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Le rôle des virus...


 

De Clément Gilbert, chercheur au laboratoire Ecologie et Biologie des interactions (CNRS / université de Poitiers) - 2012
 
L’écrasante majorité des virus non seulement ne peut pas infecter l’homme mais joue un rôle crucial dans son « écosystème » interne. Le corps d'un homme adulte sain abrite plus de trois mille milliards de virus (…) Les virus forment donc un réservoir presque infini de gènes et certains pensent que ce réservoir a constitué et constitue toujours une source majeure de nouveauté génétique sans laquelle les formes de vie telles qu’on les connaît aujourd’hui (y compris notre propre espèce) n’auraient jamais existé. (…) depuis l’origine des vertébrés il y a environ 500 millions d’années, de nombreuses insertions de rétrovirus se sont produites dans le génome des gamètes (spermatozoïdes et ovules) de leurs espèces hôtes (…) elles ont pu être transmises de manière héréditaire à tous les descendants des espèces chez lesquelles elles se sont originellement produites. Le résultat de ce long processus d’accumulation est assez surprenant, voire troublant, puisqu’il apparaît que plus de 8 % du génome humain dérivent de rétrovirus. Autrement dit, étant donné que sur les 3,5 milliards de paires de base constituant notre génome, environ 300 millions sont d’origine virale, on peut dire que nous sommes apparentés aux virus ! (…) la plupart du temps depuis 19 millions d’années, ces virus ont évolué en paix avec leur hôte, sans induire de pathologie et en étant bien tolérés par leur système immunitaire (…) Nos connaissances sur la dynamique évolutive des virus sont probablement biaisées car jusqu’à présent nous avons surtout étudié des virus pathogènes (…) On peut tout de même penser que les problèmes, somme toute assez rares, causés par les virus endogènes sont un maigre tribut à payer comparé aux énormes bénéfices évolutifs que ces séquences ont apportés à leurs hôtes durant des millions d’années. La grande quantité d’ADN ajoutée au génome humain par l’intégration des rétrovirus endogènes a fourni un terreau très fertile de matériel brut, recyclé de nombreuses fois en séquences remplissant désormais des fonctions cellulaires capitales (…) (des virus sont) ont été impliqués dans la fusion de cellules du placenta pour former une couche qui permet les échanges de nutriments entre la mère et le fœtus (…) Il est assez intrigant et fascinant de réaliser que le nid dans lequel nous avons tous baigné pendant les neuf premiers mois de notre vie n’aurait certainement pas été aussi douillet si les virus n’existaient pas… Cet exemple et bien d'autres montrent qu'il serait très réducteur de ne considérer les virus que comme des parasites dangereux et inutiles.
 
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