ISTENQS

Ici Se Termine Enfin

Notre Quête Spirituelle

 

 

 

 

Nous avons sondé

notre cœur

 

 

 

Thierry Vissac

 

Nous avons vécu quelques jours de retraite à sonder notre cœur.
Pourquoi est-il bon de le sonder ?

Parce que nous le tenons à l'écart et que cette distance que nous prenons avec lui fait qu'il n'est généralement plus l'inspiration de notre vie.

La tourmente du monde isole le cœur des hommes. Nous pensons qu'il est nécessaire de se battre, de s'opposer, de devenir, d'avancer, de gagner, de se protéger. Et cette pulsion première de l'ego à la lutte est présente jusque dans notre pensée spirituelle, jusque dans notre action.


Si nous observons avec un regard simplifié nos actions quotidiennes et nos pensées, nous y voyons la lutte, le combat contre l'autre qui veut notre perte, l'opposition aux éléments naturels et aux événements, qui se dressent contre notre volonté, l'instinct du devenir qui est la négation de ce que nous sommes à tout instant.


Cela est inscrit dans la tourmente au point que nous en sommes le plus souvent les jouets inconscients. Celui ou celle qui lit ces mots peut les reconnaître intellectuellement parce qu'ils ne disent rien d'extraordinaire. Mais cette reconnaissance ne suffit généralement pas pour défaire l'emprise de la lutte en soi, qui enserre le cœur et le maintient dans le secret, presque dans l'ombre. Il faut voir plus loin dans les méandres de la petite personne pour réaliser à quel point nous nourrissons ce que nous croyons avoir reconnu. Mieux encore, il est nécessaire de rendre la parole au cœur, à tous prix, pour que la pulsion première de l'ego ne soit plus la loi et pour restaurer la Paix au cœur même de la tourmente.

Que dit le cœur que nous avons sondé ?


Il appelle à la simplicité, à la fin de la lutte, de la division. Il aspire à dire Oui, à s'abandonner. Il nous demande de déposer les armes. Il nous dit de ne pas croire à la pensée, à la projection permanente du mental qui est encore trop souvent méprise pour le Réel. Il nous dit qu'il attend, parfois dans un torrent de larmes, de pouvoir s'exprimer. Il dit : Je suis celui que tu attends et : Ne cherche pas ailleurs. Il nous rappelle : Je suis ce que tu es, vraiment et : La tourmente n'est pas nourricière. Il nous remémore les instants "d'enfance", qui peuvent même apparaître dans l'âge adulte, où l'innocence est le guide. Il nous dit, par-dessus tout : Je suis ici, tout de suite et nous demande du même coup : Et toi, qui es-tu ? Es-tu autre que moi ?

Nous comprenons sa question mais nous ne voyons pas toujours à quel point elle implique notre action quotidienne à demeurer loin de cette réalité qui murmure en permanence au centre de notre être. Nous sommes les acteurs de la séparation, laquelle ne fait pas de cadeau. S'il y a séparation, même subtile, le cœur se cache, car il n'est pas dans sa nature de lutter. Si les milieux spirituels nous servent de terreau pour la séparation, elle est alors encore plus insidieuse, car elle se sert des mots de la Paix pour créer la guerre et toute la psychologie du chercheur finit par servir à dénoncer l'autre quand notre cœur nous demandait de le retrouver tout entier en nous, de voir que nous ne sommes qu'Un, et que cette réalité ne peut plus résonner que dans la tête mais qu'elle doit être la sève de nos paroles et actions.

Nous sommes unis et réunis ici pour donner un espace de sécurité à la parole du cœur afin qu'elle n'hésite plus à reprendre sa place. Pour cela, nous devons être bien conscients des jeux de la tourmente et de la manière dont nous les nourrissons, parfois avec avidité, quand nous avons entendu clairement le cri du cœur et que nous savons ce qu'implique de lui répondre sans concession. Nous sommes réunis pour que la tourmente ne soit plus notre guide. Et nous y revenons en confiance à chaque fois qu'elle menace de nous happer à nouveau, et cela parce que nous voulons maintenant répondre à la voix du cœur, sans partage.


© Thierry Vissac, Textes, photos et dessins sur toutes les pages du site .