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Les passagesThierry Vissac (mars 2018)
Lors d’une
rencontre récente avec le groupe des âmes, alors que nous abordions
la question des Mystères, je proposais que nous cherchions de
nouveaux mots pour remplacer ceux qui ont été usés par nos peurs et
nos interprétations confuses au fil du temps. Comment parler de la
mort et de la maladie, par exemple, afin d’en contempler le sens
sans être écrasés par le poids de nos projections anxieuses ? Au
cours d’une session joyeuse, les mots fusaient, souvent inspirés et
la légèreté s’est insinuée, dissipant les ombres. Nous parlions de
« Passage » et de « Messagère ». Nous savions que d’autres avaient
déjà joué ce jeu avant nous avec succès, mais nous voulions voir ce
que notre propre âme avait à nous murmurer sur cette question. Nous vivons
de nombreux passages au cours d’une existence terrestre. Plusieurs
d’entre eux marquent de véritables « fins » et de nouveaux
« commencements ». On parle d’ailleurs souvent de renaissances à
leurs sujets. Mais le plus notable concernant ces passages est
qu’ils ne donnent pas l’impression de rupture entre une fin et un
commencement. Il n’y a pas en eux l’ombre de la « mort ». Une image
simple me revenait à l’esprit dans notre discussion : lorsque nous
retirons une veste pour en porter une autre, nous n’avons pas le
sentiment de perdre le fil de notre existence, nous ne ressentons
pas de perte douloureuse, nous ne vivons pas de séparation.
Pourtant, à bien y regarder, nous savons aussi nous identifier à ce
que nous possédons et qui nous recouvre : vêtements, véhicule,
maquillage, couleur de cheveux etc. Une projection anxieuse pourrait
provoquer la crainte d’une fin radicale. On dit que certaines
personnes le vivent même ainsi parfois. La notion de passages (au
pluriel) nous replace donc face à une réalité bien plus lumineuse
que ce que nous créons dans nos esprits avec LE passage faisant
trembler nos cœurs. L’enfant que
nous étions n’est pas la même personne que l’adulte que nous sommes
devenus. Nous n’avons pas vécu de rupture réelle entre les deux.
Chaque passage de notre existence nous enseigne que le fil de la vie
ne se rompt pas, même quand les changements sont visuellement
radicaux. Il ne s’agit pas seulement de se rassurer (même si nous en
avons besoin aussi), mais de prendre conscience d’un phénomène déjà
sous nos yeux et qui nous parle d’une particularité de nos chemins
de vie. Nous sommes bel et bien pétris, remodelés, décousus,
travaillés dans la chair et l’esprit en permanence. Il est donc
important de ne pas regarder que la « strate » visible de ce
cheminement turbulent et d’être conscient du solide fil de la vie
qui ne casse jamais même s’il court à travers une autre trame. Qu’il soit
question de passages ou de messagères, les événements de notre
existence terrestre nous enseignent que des ponts se franchissent
régulièrement, jusqu’à celui sur lequel notre âme saura même
contempler sans barrière sa parenté avec l’âme universelle. Passage Light by Liz Scrine
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© Thierry Vissac, Textes, photos et dessins sur toutes les pages du site .