ISTENQS
Ici se Termine Enfin
Notre Quête Spirituelle 

Le mental est une pensée ...



Thierry Vissac

 

Le chercheur arrivé aux confins de sa quête, perçoit encore derrière lui les feux pâles qui ont éclairé ses efforts. L'un d'eux lui parle d'une vie horizontale et d'une vie verticale, un autre du mental et du cœur, de l'Absolu et du Relatif, de l'éveil et du sommeil, autant de divisions qui ont finalement servi la survie de sa course. 

Elles l'ont bien servie et sans doute avec justesse pendant un temps. Mais nous ne pouvons pas être dupe de l'instinct qui les anime.

Les concepts spirituels sont des niches de sécurité, même s'ils semblent effleurer au plus près une "vérité". Même cette dernière "vérité" sur les concepts que je viens d'énoncer peut être récupérée mentalement pour solidifier un peu plus la niche spirituelle.

Le fait même de donner un contour, une existence, et des "défauts" au mental est une manière de le solidifier.

Le mental est une pensée comme une autre, qui peut rester légère ou se transformer en dogme.

La pensée spirituelle qui dénonce le mental comme un risque pour la spiritualité est une pensée, un peu plus tordue (ou inspirée selon le point de vue d'où on se place) mais elle reste une pensée sans supériorité à une autre.

Je veux dire, par exemple, que le jugement que l'on peut porter sur une pensée est produit par une autre pensée, pas nécessairement par une prise de conscience.

 

On peut toujours dire ce que l'on ressent, aussi longtemps que nous ne sommes pas liés corps et âmes à la pensée que nous formulons, toute vérité est bonne à dire.


Le mental est une pensée. Et le mental qui conçoit l'éveil spirituel n'a conçu qu'une pensée, pas un éveil. La réflexion, qui semble être un support d'éveil, ne produit rien d'autre que des pensées. Certaines sont inspirantes, d'autres apparemment stupides, mais elles ne sont pas le sang de la vie. Cependant, nous n'avons pas besoin de créer de problème avec les pensées, non plus (ce ne serait qu'une autre pensée "intéressante" née de la réflexion à la suite de ces paroles, par exemple). Par conséquent, nous ne pouvons faire de cette pensée une idée ou un dogme.
Le mental n'est pas support d'éveil... mais il ne saurait s'y opposer non plus. 

 

Tout est acceptable. C'est une chose vue.


Pourtant, au hasard des conversations, je vois parfois comment il pourrait être bénéfique de botter l'arrière-train du mental alors que d'autres fois, avec les mêmes mots, quelqu'un semble au bord d'une perception plus profonde. Et si, demain, le mental est décrié comme l'ennemi intime numéro 1 de l'éveil, le jour suivant, l'affirmation opposée ne crée pas de confusion. Eveillés, nous veillons à vivre dans l'instant, lequel est la seule demeure de l'éveil. Le mental en est parfois une résidence secondaire, mais nous ne faisons qu'y passer. Sans refuser d'y passer !

 

Nous savons que notre réelle demeure est plus légère.

Même ces "nombreuses demeures" sont des pensées qui vont s'envoler avec le dernier mot de ce message.


Je ne crois pas plus en une pensée qu'en une autre. Je ne crois pas plus en la pensée "Dieu" qu'en la pensée "pas de Dieu". Et cela préserve la vie des pièges étroits et douloureux de la vie mentale.

Il y a bien un éveil au-delà de la révélation mentale. Le mental n'y croit pas vraiment, lui. Tant pis, tant mieux. Un jour, on glisse sur une peau de banane, au beau milieu d'une pensée, et tout est à sa place, alors que l'on croit avoir chuté !


Je ne savais pas vraiment où je voulais en venir en commençant ce message et je ne sais pas où il nous a menés. Tant pis, tant mieux... mais il est plein de peaux de bananes ... 


© Thierry Vissac, Textes, photos et dessins sur toutes les pages du site .