ISTENQS
Ici se Termine Enfin
Notre Quête Spirituelle
 

 

 

 

 

 

La relation à l’autre

 

 n’est pas la source de la joie 

 

mais l’espace de son expression

 

 

Thierry Vissac - Revue 3e Millénaire n°80

 

 

La relation, pressentiment de l’unité

 

La relation est pressentie, de manière instinctive, comme la possibilité de faire l’expérience de l’amour et de l’unité, c’est-à-dire de résorber le sentiment de séparation. C’est pourquoi la relation amoureuse reste la quête principale de l’humain. La relation est ainsi devenue l’instrument de ce bonheur, de cette exaltation, après laquelle nous courons désespérément. Et peu importe les échecs répétés et inévitables, depuis la nuit des temps, les hommes cherchent à faire durer le sentiment amoureux dans toute son intensité et de façon permanente. Nous nous soumettons alors à des stages et des rituels afin de provoquer le miracle.

 

Les voies dans lesquelles s’engage le chercheur

 

Les méthodes de développement personnel répondent au besoin d'améliorer la vie personnelle et trouvent la faveur des chercheurs de bien-être. La révélation spirituelle est fondée dans la conscience que nous ne sommes pas seulement une « petite personne », avec ses attentes et ses illusions, et que nous ne pouvons donc plus être aveuglés dans cette impasse qui consiste à courir après elles.

Si nous parlons de « spiritualité », la certitude d'obtenir le bonheur par les voies de la satisfaction personnelle doit céder la place. Pourquoi ? Parce que la structure personnelle, avec son histoire, ses bagages, ses mémoires, bute toujours sur une limite car elle est une limite. Elle bute sur sa propre limite. Il n'y a pas d'expansion possible sur le plan personnel.

 

L’expansion véritable, fruit de toutes nos quêtes

 

L'expansion véritable, que l'on pressent et à laquelle nous aspirons dans nos démarches et nos efforts, se tient au-delà du personnel et du relationnel. Il ne s'agit donc plus d'améliorer les relations ou le confort de l'existence personnelle et de considérer cette amélioration comme objectif principal (qui y est jamais parvenu, au point d’en être pleinement satisfait ?) mais de réaliser notre véritable nature, libre d'attachements.

C'est seulement dans cette conscience que se produit le passage vers l'oeuvre spirituelle et les éventuels bienfaits dans l’existence personnelle n’en sont alors que des effets secondaires, replacés dans une plus juste perspective.

 

La relation à l’autre comme objectif principal de la vie personnelle

 

La relation à l’autre et principalement le couple, sur lequel les êtres humains placent leur attention et leurs espoirs, n'est pas une fin en soi. Il n'est pas l'objet de l'aboutissement. Il peut donc se continuer ou se dissoudre, c'est égal dans ce regard. Parfois, il vaut mieux une rupture revitalisante que de tenter de réparer des schémas profondément ancrés dans la frustration et l'habitude. Dans ce contexte et sur ces bases, faire durer une relation sentimentale, comme s’il fallait sauver à tout prix nos constructions, est égal à en changer tout le temps.

Quoi qu'il en soit, si la relation à l’autre peut être l’espace d'expression de l'ouverture du cœur, elle n'en est pas vraiment la cause. Polariser l'attention sur un instrument de la quête personnelle pour accéder à l'éveil spirituel est donc profondément décalé ici.

 

La permanence : illusion du chercheur et nature de l’accueil

 

Le point de référence de l'être spirituel n'est plus l'intensité ni la durée qui ne sont que fantasmes et objectifs scintillants du développement personnel. Même si l’on peut accorder une valeur ponctuelle et pratique aux exercices qui visent à restaurer l’harmonie dans le couple, ou dans toute relation, il reste que l'intention à l'origine de cet espoir est faussée. Il est en effet impossible de vivre les choses sur le plan personnel de manière "permanente". La seule permanence que l'on puisse connaître est la permanence de l'accueil de ce qui est.

 

Avec la maturité spirituelle, nous grandissons dans l'acceptation de ce qui est, vers l'accueil des formes diverses de l'intelligence de la Vie , lesquelles respectent rarement nos principes ou nos certitudes. Notre regard se porte vers un champ plus vaste, dans lequel on se déleste de nos objectifs préfabriqués, de nos attentes ataviques, de nos plans de carrière. Il ne reste qu'une âme offerte à un Plan, non limité à l'histoire personnelle, qui ne peut être saisi par le mental.

 

La relation est l’espace d’expression de la joie

 

L'histoire personnelle, le couple, la profession, sont des espaces d'expression de la joie d'être vivant et non des causes de cette joie. La confusion sur ce point conduit à la frustration et au sentiment de tourner en rond si répandu dans les cercles de "travail sur soi". Cela signifie que la joie doit précéder la relation et non en être le fruit attendu. Et cela implique d’avoir connu la joie en soi avant de la chercher partout à l’extérieur de soi.

 

Une relation vécue sans la conscience de l’unité est une douloureuse mascarade

 

Dans le sentiment de séparation inhérent à la condition humaine, la relation à l’autre, que nous essayons de réparer en permanence faute de la voir se construire sur les bonnes bases, ne peut qu’être un conflit, même s’il est souvent maîtrisé. Tant que nous sommes profondément coupés des autres, par la méconnaissance du lien fondamental qui nous unit tous, nous ne pouvons que tenter une relation, que mimer un rapprochement, voire un contact. Ainsi, cette entreprise quotidienne de l’être humain qui tente d’approcher l’autre tout en le craignant demeure, malgré son ancienneté, toujours inassouvie.

 

La rencontre sans attente et sans projection

 

Lorsque nous réalisons sans ambiguïté l’absurdité de notre quête, nous permettons à un autre regard de s’éveiller. Le besoin d’être en relation, quitte à souffrir de son échec perpétuel, peut alors se dissoudre dans la reconnaissance de l’Unité. Si l’essence de nos vies personnelles cherchant désespérément à se réunir, est Unité, le besoin de l’autre – porté par la tension et la frustration – cède l’espace à la joie simple de le rencontrer, sans attente et sans projection.

 

La relation trouve son sens et son accomplissement dans la conscience de l’unité

 

Il est nécessaire de prendre conscience de l’enfermement de la quête personnelle qui fait de nos relations de grossières ébauches de ce qu’elles peuvent être vécues par l’Unité. Le monde tel qu’il est aujourd’hui, nos sociétés et nos familles, se sont construits à partir de la relation à l’autre. Le chaos dans lequel nous vivons est fondé sur la séparation qui produit le mensonge, la rivalité et la compétition criminelle. Nous avons beau changer de programme politique, nous constatons que nous ne savons pas trouver de remède sérieux, juste quelques pansements sur les blessures de nos conflits. La relation à l’autre qui est la sève de notre vie ensemble doit être habitée par la conscience de l’Unité, laquelle n’est pas seulement une belle pensée mais la révélation de notre nature véritable. Il s’agit alors d’une révolution intérieure et non plus d’une considération philosophique.

Les méthodes de développement personnel offrent de jolis pansements.

La révélation spirituelle conduit à une bascule du regard qui n’est plus enfermé dans les limites de la quête personnelle. Une relation à tout être et à toute chose, libre d’attente, et donc libre de conflit, peut enfin être envisagée.

 

 

© Thierry Vissac, Textes, photos et dessins sur toutes les pages du site .