ISTENQS- Ici se termine enfin notre quête spirituelle


Gouffre et passage...

Thierry Vissac

 

Parmi les éléments de la « conscience de la faille », la notion de « gouffre » demande quelques précisions.

Pour cela, je reprends brièvement les fondamentaux. La conscience de la faille couvre trois réalités : la demande/nostalgie de l’amour, la faille elle-même et les stratégies.  La demande d’amour (universelle) se manifeste dans notre chemin de vie (personnel) sous la forme d’une faille unique. Dans l’exemple que j’ai pris pour l’illustrer dans mes vidéos d’initiation, je parle de la « peur du rejet » (dans ce cas, la faille est la peur de ne pas être aimé sous la forme d’un rejet). Les stratégies se construisent pour éviter cette peur du rejet, pour ne pas être rejeté, avec toutes les compromissions que cela implique. On parle de « traversée de la faille » lorsqu’au lieu de céder aux stratégies aliénantes, un retour sur soi se produit et ramène à cette peur pour qu’elle soit franchie… et retrouver sa nature profonde.

Le moment de contact avec cette peur « racine » (la faille) s’apparente parfois à la proximité d’un gouffre. L’impression peut être saisissante et c’est d’ailleurs ce qui a généré les stratégies, par instinct de survie. Mais ce gouffre est illusoire (il n’y a pas de gouffre, juste une terreur de ne pas être aimé) et c’est pourquoi je dis qu’il est en vérité « un passage ».

Pour qu’il y ait une expérience éprouvée de passage (plutôt que de chute dans un gouffre), il est souvent nécessaire de s’approcher quelques fois de cette sensation afin d’en voir l’illusion, de la voir se dissoudre et de se retrouver « de l’autre côté », dans notre nature profonde. La formulation de la faille permet ce retour sur soi qui rapproche notre attention de la faille afin de la traverser. C’est la raison pour laquelle une formulation appropriée est importante dans ce processus. Il faut trouver quelle est notre faille, comment la nostalgie de l’amour s’est précisément déclinée dans notre chemin de vie pour permettre cette traversée initiatique.

Si je veux offrir ces précisions, c’est aussi parce que j’ai eu affaire à des personnes très volontaires (volontaristes) qui, pensant comprendre l’enjeu de cette traversée et ses mécanismes, tentaient de forcer le passage, de s’imposer à elles-mêmes une exposition au gouffre dans le but d’accélérer le processus.

Pour être clair : je n’invite personne à se jeter dans un gouffre. J’indique qu’il existe une peur primitive en soi qui se trouve être un indice crucial de notre chemin de vie, de notre travail principal (ce par quoi nous sommes principalement travaillés) dans le processus d’incarnation. Essayer de localiser un gouffre en soi pour s’y jeter et traverser plus vite reviendrait tout simplement à se faire peur inutilement. Le processus est plus subtil (il existe d'ailleurs un "protocole de traversée du gouffre", que je propose dans mes stages et qui ne s'exerce pas en solitaire). La faille n’est pas une erreur, elle est le ferment d’un apprentissage, qui peut prendre un peu de temps. Nous ne sommes pas là pour nous « débarrasser » des choses, mais pour les vivre. Le gouffre s’apprivoise généralement avant de pouvoir envisager une traversée. Et cet apprivoisement n’est pas une confrontation terrifiante à un gouffre, il peut se manifester de différentes façons, même si la peur va évidemment se manifester par moments.

Les images ont leur limite et peuvent être saisies sur la strate mentale pour en faire une réalité plus binaire que le sens qui devait être transmis. Il suffit de garder confiance dans le processus, en se souvenant simplement de cette trinité : demande/nostalgie de l’amour, faille et stratégies, et que le retour vers notre âme – dans une bascule intérieure – nous met face à ce qui nous en a éloigné… pour le traverser.

Comment la traversée va-t-elle se manifester pour chacun(e) de nous ? C’est l’intelligence de la vie qui en décide et nos projections sont souvent en décalage avec ce qui peut se produire. Il n’y a rien à forcer. Nous sommes dans la meilleure position en « accompagnant l’intelligence de la vie », dans cette situation comme dans toutes les autres de notre existence. 

 

 

©Thierry Vissac, Textes, photos et dessins sur toutes les pages du site .